Panne AWS : un rappel brutal de notre vulnérabilité numérique
Ce lundi 20 octobre 2025, AWS a annoncé un incident sérieux, affectant plusieurs de ses services dans la région US-EAST-1 (Virginie, États-Unis). AWS De nombreux services grand public et professionnels se sont retrouvés perturbés, voire inaccessibles, avec des conséquences parfois immédiates.
Quels services sont concernés ?
Voici un aperçu des plateformes touchées :
Des applications grand public comme Snapchat, Fortnite, et la messagerie vocale de Alexa ont connu des interruptions.
Des services « SaaS » ou d’infrastructure comme Canva, Airtable, Perplexity ont également été touchés. Perplexity a explicitement identifié AWS comme source de son interruption.
AWS lui-même, via sa console ou ses services backend, a connu des « taux d’erreur accrus et des latences élevées » dans la région concernée.
Selon le site de suivi des incidents Downdetector, plus de 15 000 rapports ont été enregistrés dans plusieurs pays au pic de panne.
Quelles répercussions pour les entreprises et utilisateurs ?
Même si l’origine géographique de la panne est concentrée aux États-Unis, les effets sont mondiaux. En Europe et en France, des entreprises utilisant AWS ou des services interconnectés ont pu ressentir des ralentissements, des blocages de connexion ou des erreurs d’accès.
Au-delà du simple « je ne peux plus me connecter », cela pose des problèmes opérationnels : interruption des flux de production, des outils internes, des interfaces clients, et dans le pire des cas des pertes économiques immédiates.
Pourquoi cette panne est-elle plus qu’un incident technique ?
L’événement met en lumière plusieurs fragilités importantes :
Concentration d’infrastructures : la région US-EAST-1 est l’une des plus grandes et souvent l’une des plus sollicitées d’AWS. Lorsqu’un incident s’y produit, l’impact peut être spectaculaire.
Dépendance transversale : même si un service hébergé en Europe, ou un site français, ne se situe pas physiquement aux États-Unis, il peut recourir à des architectures ou services globaux d’AWS dépendant de US-EAST-1 (contrôle, authentification, etc.). Cela crée des effets de « domino ».
Absence totale de visibilité immédiate : pour beaucoup d’entreprises, l’incident survient sans alerte préalable et la seule « vue » qu’elles ont est une augmentation des erreurs ou une indisponibilité. L’incertitude est un facteur aggravant.
Conséquences économiques et de réputation : une panne de quelques heures peut coûter cher : transactions perdues, image entachée, clients mécontents, etc.
Leçons à retenir et pistes d’action
Cet incident n’est pas simplement un « bug chez le cloud ». Il est un signal d’alarme : que faisons-nous pour ne plus dépendre d’un point unique de défaillance ? Voici quelques réflexions et recommandations :
Redondance et répartition géographique
– Concevoir des architectures qui ne reposent pas sur une seule région cloud ou un seul fournisseur.
– Utiliser plusieurs zones de disponibilité (Availability Zones) et/ou plusieurs régions, y compris internationalement.
– Mettre en place des mécanismes de basculement automatique, de scalabilité et de reprise.Plan de secours et tests réguliers
– Avoir un plan d’urgence documenté : quelles parties de l’infrastructure doivent être redirigées ou arrêtées ?
– Réaliser des exercices de simulation de panne (« chaos engineering ») pour vérifier que le basculement fonctionne.
– Prévoir une communication claire avec les parties prenantes (clients, collaborateurs) en cas d’interruption.Visibilité et monitoring
– Surveiller non seulement les services applicatifs mais aussi les dépendances externes (API externes, authentification, DNS, etc.).
– Mettre en place des alertes précoces : latence élevée, taux d’erreur accru, logs inhabituels.
– Être capable de distinguer « mon application ne répond pas » d’un incident lié au cloud fournisseur.Évaluation critique de la chaîne de valeur technologique
– Interroger l’hypothèse : « Mon site ou mon service est en France, donc je ne suis pas concerné ». Ce n’est pas toujours vrai.
– Comprendre les dépendances cachées (bibliothèques cloud, services tiers, authentification croisée, CDN, etc.).
– Incorporer cette résilience dans les discussions stratégiques et budgétaires, pas seulement techniques.
Conclusion
La panne AWS du 20 octobre 2025 n’est pas isolée : elle rappelle, une fois encore, que même les géants du cloud ne sont pas à l’abri. Pour les entreprises, petites ou grandes, c’est une invitation à repenser leur résilience numérique, leur architecture technologique, et leur plan de gestion des risques.